Aileen : Life and Death of A serial kIller
Documentaire de Nick Broomfield et Joan Churchill
Il est de ces documentaires qui vous laissent scotché sur votre siège par leur puissance. Ce fût le cas de Farenheit 9/11, véritable film documentaire, d’une force extraordinaire.
Aileen : Life and Death of A Serial Killer ne rentre pas dans cette catégorie. Beaucoup plus modeste, il est toutefois non dénué de force.
D’abord, le sujet choisi. Nick Bromfield avait tourné en 2002 le très réussi Biggie and Tupac, sur la vie et la mort de Christopher Williams dit Biggie Smalls ou Notorious BIG et Tupac Shakur, deux rappeurs parmi les plus talentueux des années 90, exécutés vraisemblablement par les forces de police de Los Angeles et Suge Knight, puissant producteur de Death Row Records.
Ici, il s’attaque à une affaire qui a fait tremblé l’Amérique bien pensante, qui l’a glacé.
C’est l’histoire de Aileen Wuornos, première femme serial killer de l’Amérique. Mais c’est aussi l’histoire de Aileen, la femme, violée, battue lorsqu’elle était plus jeune, sur les trottoirs depuis l’adolescence, dégoûtée des hommes, amoureuse d’une femme. Une femme qui s’est défendue contre ses agresseurs, une femme qui avait perdu une partie de son âme.
Aileen Wuornos, imposante physiquement, peut vous glacer le sang de son regard, vous émouvoir aussi. En tout cas, vous ne serez pas indifférent à son destin, à cette galerie de personnages intéressés qui étaient autour d’elle avant qu’elle soit condamnée à mort, une femme qui l’a adopté, sorte d’évangéliste puritaine voulant sauver une âme, un musicien improvisé agent et avocat.
Un récit des douleurs de l’Amérique, de ses dysfonctionnements, de ses problèmes, de ses méthodes judiciaires, de ses jurys populaires qui sont acquis à une cause dès le début du procès.
Malgré le manque de moyens de Nick Broomfield et de sa comparse Joan Churchill, ils arrivent petit à petit à déchiffrer l’histoire de Aileen, à la rencontrer même.
Charlize Theron, en incarnant Aileen, dans le film Monster cette année, mérite amplement son Oscar de la meilleure actrice, tant le mimétisme est exceptionnel.
A voir donc, pour se faire une idée de la justice à l’américaine.
Arnaud Meunier
18/09/2004